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Version mythique de la théorie des branes

Au commencement étaient les feuilles. Elles oscillaient doucement, immuables, proches mais lointaines, elles flottaient lentement dans le vide, par milliers…

Et les feuilles se balançaient, seules et solitaires, et il n’y avait que les feuilles et le vide, et les feuilles ne pouvaient pas même se parler, le vide les séparant.

Mais un jour, deux feuilles se rapprochèrent par mégarde. Elles glissèrent l’une vers l’autre, et avant que le vide ne puisse les rattraper, les feuilles s’embrassèrent. Elles se frôlèrent, mêlant leur texture ; et de ce baiser froid naquit une explosion. Un frisson les parcourut, les éloignant l’une de l’autre, et le vide et le silence revinrent. Mais le contact ne fut pas vain : sur les deux feuilles qui avaient osé braver le vide, une multitude de scintillements s’éparpillaient. Après la grande lumière, les particules nées du Baiser s’envolèrent. Elles valsèrent longtemps, peureuses, craintives, puis petit à petit, intriguées, elles se rapprochèrent. Et les particules comprirent qu’elles ne seraient plus jamais seules : elles s’enlacèrent, se pressèrent, s’embrassèrent. Les étincelles jaillirent et les étincelles prirent leur place dans la valse universelle. Les amours folles des particules enfantèrent la matière : les étoiles se mirent à rêver dans le firmament, les nuages de gaz s’endormirent dans les bras des galaxies, et bientôt les planètes furent. Elles sortirent doucement et s’enchaînèrent aux soleils, puis elles s’oublièrent sur leur orbite. Toutes semblables mais toutes différentes, comme tous les enfants du monde : certaines rouges, d’autres bleues, certaines se cachant derrière des anneaux, et d’autres sacrifiant brillamment leur atmosphère. Mais les planètes, comme toutes choses, commencèrent à s’ennuyer. Alors l’une d’entre elles décida de réagir. Elle se mit en colère, et ses narines crachèrent du feu, et ses yeux pleurèrent des éclairs. Et bientôt il fit chaud, et bientôt les atomes firent l’eau. Mais l’eau s’ennuyait : elle imbriqua alors des particules avec d’autres particules et la première cellule naquit. Et les cellules, s’alliant, firent les premiers êtres. Et les premiers êtres se multiplièrent.

Et longtemps, longtemps après, des éons après cette grosse colère, le premier homme s’éleva. Et l’homme se multiplia. Et l’homme créa l’humanité, la société, les dieux et l’univers.               

                                       

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